A Ribbinguebec [Ribbingebäck]
ce 14 Decbre 1791.
Ankommit den 14 Januari; besvarat den 18 Januari
1792.
Mon Cher Fils; J'ai à Vous remercier à la fois de Vos
deux cheres Lettres, l'une du 28 Septbre, arrivée à Vallhoff
le 6 Novbre, après avoir parû à Ryda le 1 du dit
Mois; l'autre du 29 Octobre, apportée à Ryda le 29 Novbre
et ici le 2 Decbre. Ma réponse à l'une n'a été
remise que dans l'attente de recevoir l'autre bientôt après;
et le tems de répondre à l'autre a dû être
reglé, comme de coûtume, sur celui, où je pourrai
avoir en main la Lettre de Change à Vous expedier. Je viens de
la recevoir par un Exprès de Ryda, où elle est arrivée
hier au soir, par mon Ordre, pour me parvenir deux jours plûtôt,
d'autant que d'ici il n'y a qu'un Messager de poste par semaine, savoir
le Vendredi: de sorte que sans cette précaution je n'aurois pu
la fair partir que Mardi prochain, le 20.
Je vais au plus pressé en Vous disant, que Nous jouissons tous
de la Santé, quoique celle de Vôtre Mere soit au dessous
de la parfaite, non seulement par son ancien mal, la Goute, mais aussi
par un affoiblissement de la Vûe, et par un dérangement
de l'estomac, suite du froid, prit à la Cour de l'Incendie du
28 May, lorsque sortie du lit et de la Maison embrasée, sans
caleçons, elle dût passer ainsi le reste de la nuit.
Pour prévenir un plus grand mal aux yeux, elle porte, je crois,
depuis un an et plus, un Vesicatoire perpetuel au bras. Aussi nous croyons,
que sans cette constante et douloureuse precaution, elle auroit déja
perdu la vûe. Et quant à l'estomac, non seulement elle
garde, comme depuis tout tems, et plus rigoureusement encore, un exacte
Regime; Mais elle prend aussi des Remedes, dont on ne lui a promis qu'un
effet lent.
Depuis ma precedente du 13 Septbre, nous continuames à Ryda
les bâtises, tant permanentes que provisionelles, ainsi que le
reste de la Culture, demeurans toujours au Bostelle de Torstuna, jusqu'au
28 Octobre, que Nous nous rendimes à Vallhoff, où nous
sejournames jusqu'au 21 Novbre avec le plus grand agrément du
Monde, excepté que Msr de Troil y étoit durant une semaine
très malade d'une Colique et d'une Obstruction très obstinées,
suites d'avoir eu l'estomac refroidi dans un voyage d'Upsale. Extremement
bien soigné par sa Mere, sa Femme et l'habile Professeur Mourrai
[Adolf
Murray?] son Allié, il fut bien gueri
pour le coup; Mais il lui en reste encore quelque foiblesse d'estomac
et continuation de remedes, choses nouvelles pour lui.
Le 21 Novbre sus dit, et par une grande neige qui tomboit
en même tems, Nous nous transportames en Carosse au Presbytere
de Nysetra. Après avoir de là jetté les yeux sur
nos affaires et effets à Ryda et à Torstuna le lendemain,
Nous arrivames le surlendemain le 23 ici, où nous sommes reçûs,
nourris et amusés le plus agréablement du Monde: de sorte
qu'il n'y a point d'apparence, que nous nous presserons de quitter ce
bon quartier d'hiver. Nôtre aimable Hôte, ce genereux Baron
Adam Cederhielm, detenu chez lui par des infirmités du Corps,
et non pas par un bizarre goût de solitude, n'a rien perdu de
sa belle humeur, reçoit toûjours extremement bien son Monde,
nous comble d'amitiés et en même tems de bienfaits réels
continués.
Ve Frere Charles, Vice Legat à Ryda,
y gouverne bien et avec exactitude. Logé dans la Chambre du Jardin,
il a dans son Antichambre sa cuisine, où sont logées la
femme de Charge et une servante, qui soigne le peu de bêtail acquis
jusqu'à present. Il a un Maître Valet, un Cocher et un
garçon pour son service particulier; de sorte que son ménage
est composé de 6 personnes. Il est proprement logé, en
état d'hebergerun Ami, et donna, il y a 8 jours, un assez bon
diner à Vôtre Mere et Mlle de Coyet, qui lui
firent visite. Les samedis il vient nous voir ici regulierement, passer
les dimanches avec Nous. Les gazettes et autres feuilles periodiques,
ainsi que les Messagers de Poste, vont à Ryda, comme de coûtume.
Ayant bien de lettres à faire demain, je vai droit à
mon principal objet, qui Vous concerne. Je m'étois effectivement
muni de 200 Rdl. en Be, pour envoyer à la fois les
deux tiers restans de Vôtre Pension. La moitié en étoit
à Sthlm entre les mains de mon Correspondant, et l'autre Moitié
ici, en attendant l'occasion de l'envoyer sûrement à Sthlm.
Mais voyant, que Vous ne demandez pour cette fois que la moitié
de ce qui Vous est dû, je crois bien faire en Vous n'envoyant
que l'incluse de Change de 100 Rdl. Court Holl. comme demandant
moins de delai. Les autres 100 Rdl. Vous viendront au Mois de Mars,
comme Vous le souhaitez. Je suis fermement resolu d'y joindre alors
100 Rdl. encore, pour Vous mettre en état de faire le Voyage
de la Sicile. Vôtre Mere et Vos deux Freres sont d'avis, ainsi
que je le suis, que Vous ne devez pas manquer cette occasion de voir
ce Pays là et cette admirable Cheminée du Feu Central,
qui peutêtre nous fait un service continuel mais pourra detruire
un jour, ou plus tôt produire de nouveaux Changemens à
la surface de ce Globe.
J'ai toujours prevû, que Vôtre Pension, suffisante à
Rome par Vôtre sage façon d'y vivre, ne le sera pas quand
Vous recommencerez à voyager. En consequence je me suis proposé
d'y ajouter alors un subside de ma part. Vous pourrez donc conter sur
d'autres 100 Rdl., outre la Pension, à moins qu'il ne m'arrive
quelque nouveau desastre, ce qu'à Dieu ne plaise! Il ne faut
pas se preparer des regrets, d'avoir vû trop peu de choses pendant
qu'on étoit en chemin.
Je viens de recevoir l'avis de retirer de Scanie [skånska
brigaden], moyennant un Acquit, Vôtre 3me
quartier d'appointement pour l'année Courante. Je dois faire
réponse, que je n'ai pas encore touché le 2d.
Si Vos quartiers ne seront pas trop irregulierement ou lentement payés,
je compte les convertir en une autre Lettre de Change, dès qu'ils
auront atteint la Somme ou Valeur de 100 Rdl., pour Vous être
remise de Vôtre propre fonds, et sans que Vous m'en ayez d'obligation.
Selon moi, ce petit surcroit de moyens Vous servira bien pour le sejour
de Paris, à y faire l'emplette de bons livres et ce qu'il faudra
pour augmenter un peu Vôtre Garderobe. Il faut absolument que
les talens soient parfaitement bien vêtus, pour être vûs
à une certaine Cour.
J'espere qu'on aura vû fixer le sort de la France et Nos relations
avec elle, avant que Vous y pourrez aller. Mais il faudra toujours en
obtenir la permission de la Cour, par le Canal d'un de Vos Superieurs.
Je crois que ce doit être Vôtre Chef Militaire, Msr Nicolas
Mannerskanz, Major general et Chevalier de l'Ordre de l'Epée.
Vous lui rendrez compte en raccourci du tems de Vos voyages, de Vôtre
sejour à Rome par le bienfait du Roi, du tour que Vous souhaitez
faire de Naples, de la Calabre, de la Sicile, de la Lombardie, et en
fin de la France, comme du Pays le plus instructif, du moins avant la
Revolution de 1789: c'est pourquoi Vous le prie de Vous obtenir l'agrément
du Roi pour ce voyage, et de dresser sa réponse à Rome.
Vous pourrez en même tems, ce me semble, l'avertir, qu'étant
le plus ancien de tout le Corps dans Vôtre Grade, Vous attendez
de sa Justice et de sa bonté d'être presenté en
cas d'ouverture pour un avancement, et que, quand ce ne pourroit être
que par un Concordat, Vôtre Pere est resolu d'y fournir Vôtre
portion congrue. Ce ne sera pas une besogne à Mr Mannerskanz
d'aller insinuer au Roi Vôtre très humble demande, puisqu'il
doit voir Sa Mté tous les matins. Mais ce seroit une à
Mr Adelcrantz, qui à ce que je crois, occupé tous les
jours au Bureau des Etats, ne va plus regulieremt à
la Cour.
Quelque impatience que Nous ayons de Vous revoir, je tâche pourtant
de prolonger Vôtre Voyage, comme ci dessus, afin que Vous puissiez
acquerir plus de gloire avant de Vous repatrier, ou du moins plus de
satisfaction interieure, en la meritant d'avantage.
Par les lettres, arrivées hier à Ryda et depêchées
ici cejourd'hui, j'ai appris que la Fregatte Bellone est arrivée
à Gotenbourg. Elle avoit eu le Corps endomagé par un gros
temp à la hauteur du Cap
Finisterrae, et ce non obstant elle avoit eu le bonheur de passer
la Manche et d'arriver à Cherness [Sheerness,
vid Themsens mynning], pour être reparée dans
une Forme [docka]. Cependant Msrs de Rosenstein,
le Colonel et le Revd, firent de là un voyage de terre
à Londres, Mais ils ont été dépouillés
en chemin par des Larrons, qui leur ont prit les bourses, les Montres,
les Manteaux, et leur auroient bien pris davantage, si une grande Voiture
ne fût survenue, qui fit peur aux Voleurs.
Dès qu'on apprit la rupture des Algeriens, il étoit resolu
que la Même Fregatte, aussitôt qu'elle seroit de retour,
devoit retourner à la Mediterrannée, sous le même
Commandant, pour traiter avec les Barbares [berber]
et pour proteger nos Navigateurs, en faveur des quels elle seroit bientôt
suivie de deux autres Fregattes. Maintenant il est decidé, que
Bellone ne partira pas, du moins pas si tôt. Aussi ne pourrat
on pas avoir aussi tôt prêtes toutes les Munitions, que
les Barbares exigent, et qu'il faudra bien leur donner. Façon
ordinaire de traiter avec eux. Peutêtre at on choisi quelque autre
Canal pour negocier, en attendant la saison.
Ce 15 Decbre je Vous rends mille graces des Eclaircissemens accompagnés
de Desseins, dont Vous m'avez fait part, au sujet de ce que les anciennes
Peintures et Sculptures nous presentent sur la figure des Biremes, Triremes
&c. Vous avez raison de dire, que dans les figures sculptées
des dits Navires, il ne faut point exiger d'exactitude. Suffit, qu'il
y ait quelque peu de ressemblance, pour que l'ouvrage soit également
recommandable par le grand nombre des figures, par la grandeur de la
besogne, par le fini du travail. Aussi dans la Trireme de Trajan la
1re paire de Rames y paroît mûe par un seul homme.
Les pieces copiées des Peintures d'Herculaneum font bien voir,
combien les Peintres dès lors se sont donné de liberté
en representant les Navires, leurs forme et proportions. Il est singulier,
qu'aucun de ces Bâtimens en basrelief ou en peinture ne soit muni
de Voile ou de Mâture [master]. Je
ne saurois Vous marquer, Mon Cher Fils, à quel point Vous m'avez
fait du plaisir en satisfaisant ma Curiosité sur ce point.
Je continue à faire de Vos Lettres les Extraits, déja
devenus volumineux, et en autant d'Exemplaires, que par le passé;
Mais dans l'impossibilité d'y ajouter ou faire joindre les figures,
je laisse dans chaque Exemplaire du vuide, pour y dessiner Vous même,
si tant est qu'un jour Vous Voudriez Vous donner cette peine, pour faire
part de la Continuation des dits Extraits aux Amateurs, qui en eurent
au commencement. Ce fut au Roi, par le canal de Vôtre General,
jusqu'au commencement de la Guerre en 1788, à S.E. le Comte de
Bielké, et à Msrs les Intendans et aux Professeurs Vos
Amis le 3me Exemplaire. Le 4me, Original des autres,
est pour la Famille.
Je reviens à Vos affaires Economiques. Puisqu'il Vous faut attendre
sept semaines l'entier payement des Lettres
de Change que Vous recevez, je suis [repentant?]
de ne Vous avoir pas envoyé par la presente, bien que quelques
jours plus tard, les 200 rdl. à la fois. Pour y remedier, je
tâcherai d'avancer, s'il me sera possible, la prochaine Remise,
afin que Vous puissiez l'avoir avant le Mois de Mars. Mais celà
depend de la facilité, que me fournira la glissoire, de faire
transporter à tems mes Grains à Garpenberg. Depuis deux
semaines Nous avons de la Neige abondamment, mais sans utilité,
que pour les grands Chemins de terre. La gelée de peu de jours,
qu'il fit auparavant, ne suffisait pas pour rendre praticables ni les
lacs ni les Marais, pour le transport des Grains aux Cantons des Mines,
pour le travail des bois.
Cependant, faute d'emplacement, il nous falut ces jours passés
envoyer au Marché de Stocolm 15 Septiers de froment, très
bien recolté. La grande affluence de Vendeurs fit baisser le
prix, de sorte que Nous n'eumes que 11 plates le Septier; au lieu de
12 que Nous attendions. Il nous arriva dans cette expedition un autre
domage. Un Ex cheval de Cavallerie, que nous achetames 40 pl. sur la
fin de Juin, et blessé le 1 Août par la selle du Maître
Valet au point, que les remedes d'11 semaines Nous coûterent 9
pl., et demi corde de foin, eut en chemin en deçà de Stockholm,
tout à coup et sans signe préalable de lassitude, une
forte fluxion de pus par les Narines, et tomba roide mort [stendöd].
C'est que la blessure, gueri en dehors, aura jetté en dedans
et sur les poumons toute la matiere pesante.
Depuis ma precedente du 12 Septembre il a été, elevé
et achevé à Ryda une Etable de 38 aunesde longueur sur
15 de largeur, au Nord de la fontaine attenante aux Granges, partagée
en 3 pieces, dont une sert actuellement aux chevaux, l'autre aux Vaches,
la 3° aux Boeufs au bout Septentrional. Voilà toute l'aile
occidentale de la Bassecour achevée. Elle a 117 aunes
de longeur, et ne remplit pas le tiers de son objet. Pour conserver
à nôtre usage la Laiterie et la Cave voutée en Granite,
ainsi que le Vestibule, nous avons bâti dessus un grenier, entre
deux Pignons, de 5 aunes de largeur et de 7½ de longueur, c'est
à dire à travers les fondemens du Corps de logis, et nous
l'avons couvert de chaume. Pour couvrir aussi la Cave à chaux,
à quoi ni le tems mi les Materiaux nous suffisoient, nous avons
elevé dessus une Tour de chaume, toute massive, de sorte que
les deux batises provisoires, elevées sur une partie des fondemens
de l'ancien Corps de logis, representent en quelque façon le
Château de Ribbinguebec avec sa tour au côté. Pour
servir de Gouttiere entre les deux toits, nous avons employé
la grande A uge ou Abreuvoir de la Bassecour, dont les côtés
et les 2 bouts furent consumés le 28 Mai, et dont le fond, qui
restoit, n'étoit bon qu'à celà.
Je crois Vous avoir mandé comme quoi j'avois écrit au
Mois d'Août à Mr le Baron d'Armfellt pour le prier d'interceder
pour moi auprès du Roi pour me faire obtenir la possession permanente
de Ryda, sans un Escalin de diminution au revenu de Sa Mté.
Le dit haut et puissant Seigneur a fait à cet égard d'assez
belles promesses à des gens de distinction, qui le voyent assez
souvent, et j'en attends encore l'effet. Vers la fin de Septembre Nôtre
incomparable Voisine, la Comtesse de Höpken voulut bien se charger
de Mon Placet au Roi, pour le remettre entre les mains du dit Baron
et l'engager à le presenter à Sa Mté dans quelque
occasion favorable. J'écrivis en même tems à Mr
de Schroederheim, Secrete d'Etat qui nous veut du bien, pour
le prier de concerter avec le Baron d'Armfellt le tems et la façon
de faire réussir l'affaire. Le Secrete d'Etat me fit
d'abord une réponse très obligeante par écrit,
en me conseillant de venir à la Cour solliciter en personne.
Ce n'est pas là qu'un Vieillard en calotte doit se presenter
pour réussir. Aussi Vôtre Frere Jean, s'étant retourné
à Stockholm environ le même tems, au lieu de réponse,
demanda à Mr de Schroederheim, quel effet il attendoit de mon
apparition? et sur la repartie, que la vûe d'un vieil homme de
merite dans le malheur, feroit sans doute impression sur le coeur du
Monarque, nôtre Jeune homme le pria de conclure par son exemple,
combien un [sic] telle vûe pouvoit
operer. Aussi je ne compte pas aller en Cour solliciter des semaines
entieres une presentation, pour offrir aux regards du Prince et de la
Cour, ou le triste spectacle d'une Calotte Noir sur des cheveux blancs,
ou le ridicule d'une tête coïffée de cheveux postiches,
au dessus d'un visage ridée: J'y perdrois sûrement mon
argent, et peutêtre toute ma santé, avec une partie de
mon existimation. Avant le terme de 13 ans Dieu y aura sans doute pourvû
de façon ou d'autre: ou au bout de ce terme mon malheur même
doit faciliter à Mes Heritiers la Continuation de mon Bail, auquel
tout honnête homme se fera un scrupule de concourir avec eux.
Les Grands, qui en ont moins que Nous autres, ne seront pas fort empressés
pour un Château destitué de Corps de logis, de Chasse &c.
Trois bâtises sont extremement necessaires à
elever l'année prochaine, si j'en aurai les moyens et si l'hiver
me sert en Materiaux.
1° L'Aile Occidentale du Château, de 33 aunes
en longueur et de 15 en largeur, contenant une Ecurie (i) de 20 aunes
interieuremt, et au bout Septentrional un Magasin (k) et
Cellier (l), avec son Etage, ou à deux planches, pour le Ménage;
et au bout Meridional, une Chambre (m) pour les harnois &c. audedans,
et une autre (n) pour les ferrailles &c au dehors, ou donnant sur
la Cour: chacune de ces pieces de 5 aunes 3/14
en longueur. L'Arrangement interieur de cette nouvelle Ecurie pourroit
être differé, y ayant une de service dans la Basse Cour,
pourvû que le toit et les pieces aux deux bouts fussent avant
l'automne en état d'être employées.
2° Au lieu du Pavillon Oriental, il faudra couvrir
tout le flanc de l'Avantcour, savoir 36 aunes, d'une Aile, qui renfermât,
un apartement (a) de Cochons quadrupedes, partagée en 6 loges
et une allée, dans le même endroit qu'habitoient ces Creatures
avant l'incendie, avec l'issuë donnant sur l'ancien Escalier dans
le Sobourg [sic]: Une brasserie (b), donnant
sur l'avantcour, et munie d'un four et de 2 chaudieres murées:
une petite Chambre (c), pour y petrir et faire le pain, avec une poële
à la Vesstroem pour secher les grains à moudre et la dreche:
ensuite une remise (d), pour servir de passage au Bosquet, et en même
tems de Vestibule à 4 pieces y joignantes: Audelà, de
côté de l'Est, une Salle (e) pour les danses des gens et
pour differens ouvrages du Ménage du côté de l'Ouest
ou de la Cour, une Chambre (f) de 7 aunes en quarré, pour les
Valets, et au delà une autre (g), de 7 aunes de long sur quatre
de large, pour les Artisans ou Valets étrangers. Au bout superieur,
en fin de cette Aile Basse, le poulailler (h), de 4 aunes en largeur,
au niveau du Souterrain de l'Aile haute. Celuici, destiné au
Calendre, sera muré et pourvû d'un poële en briques.
3° Une Etable, pour former le haut bout [högsätet]
de l'Aile Oriental de la bassecour, en distribution et en grandeur egal
à celui qui, elevé cette année, forme le bout superieur
de l'Aile Occidentale. Cet Etable est requis pour l'accroissement du
bétail, pour loger provisoirement les bêtes à laine,
et pour la Speculation de boeufs à engraisser: ... quoi consiste
cette Speculation. Elle est dûe à Mon Gendre. Il m'a representé,
qu'en devant du gros bêtail à rendre, comme cidevant, et
ne gagnant, selon mon Calcul, plus que 5 plates d'acroissement par an
sur la piece, mon Bail sera presque exspirée avant que Nôtre
Bassecour sera entierement repeuplé et que nous pourrons commencer
à en sacrifier, par boucherie ou par vente, un dixieme ou douzieme
par an; qu'il vaudra donc mieux, comme font le Comte Spens à
Salnecque [Salnecke], Msr Gripenstedt à
Harbonès [Harbonäs] et d'autres,
à acheter chaque automne, en Vestrogotie ou en Ostrogotie, 3
à 4 douzaines de boeufs ordinaires, de les nourrir de paille
4 Mois et de foin 2 mois, et de les revendre à la fin de l'hiver,
avec un benefice de 10 plates par tête, et au delà, de
15 à 20 pl. selon les conjonctures. Outre ce bon prix des fourages,
consommés sur l'endroit même, il y aura épargne
considerable de pâturages gras, qui pourront être convertis
en foin à vendre, à raison de 2 charges et peutêtre
plus par tête.
Après
ces 3 bâtises, viendra la 4me, l'Aile basse occidentale,
comprenant une Salle de Paysans (o), dans le même emplacement
et de même grandeur cidevant, de 6 aunes de long, et à
côté, sur le derriere, une chambre (p) à Materiaux,
où étoit le Magasin de bois à brûler: ensuite
une Remise (q) longue de 16 aunes avec 3 portes: enfin un Magasin (r)
de bois de 10 aunes : dans le coin superieur de cette piece du côté
de l'avantcour, seront deux Cabinets d'aisance, audessus d'un égout,
prenant en longueur l'un 4 aunes, l'autre pour les gens (s) 3 aunes,
de sorte qu'il en restera 3 pour l'entrée au Bois. En dedans,
derriere ces Cabinets, je voudrois bien un jour bâtir une Glaciere
(t) au Rezdechaussée avec des parois de 2 aunes d´paisseur,
mais de bois, avec remplage de charbons, pour entretenir la Fraicheur.
A propos de celà. En été la Glacée est bien
rare chez nous, et en Italie tout le Monde en use alors, et même
le petit Peuple. Tachez, s'il Vous plait, d'apprendre quelquechose au
sujet de cette branche d'Economie. Ce seroit un service de plus, que
Vous rendiez à la Patrie.
On se porte bien à Acrelenna, Orby, Eks, Torstuna,
Hessle, Ekholmen. Le Comte de Posse à Haga est mort ces jours
passés. Vôtre Mere, Mlle Ulla Coyet et Nôtre
Baron Vous font mille Compls et je suis de coeur et d'ame
le tout Vôtre
GW Sillén.
Till diarium
för Georg Wilhelm af Silléns brev.