A Ryda ce 14 Septbre 1787.
Ankt den 2 October, besvt den 6 dito.
Mon Cher Fils, je Vous rend mille graces de Vôtre chere lettre
du 19 Août: Elle me vint le 11 Court, et Vous verréz
que nous ne tardons pas à repondre. Nous étions alors
à Eka, ou je n'avois pas été, non plus qu'à
Vernesta et chez les autres Amis de ce Canton la, depuis Vôtre
depart. Tous y étoient bien portans et joieux d'une abondante
recolte. Lundi le 10 nous fumes à Groensoe,
où le Maître [David
von Schulzenheim] a transformé en parterre à
l'Anglaise tout le rivage entre le Corps de Logis et le lac avec beaucoup
de dépense et de goût. Tout cet emplacemt est
coupé en petites allées et rampes en tout sens, avec plusieurs
petits cabinets et des bancs, des ilots joints par des ponts; il y en
a un vis à vis du Portail de la Maison, au bas de l'Escalier,
qui aboutit à un Kiosk à la Chinoise, quarré, tout
incrusté au dedans de rocaille et de coquillages, assemblés
en architecture, qui forme quatre pilastres, deux à chaque pan,
supportant une corniche ornée d'un feston tout en coquillages
choisis au dessus de chaque croisée: le tout surmonté
d'une Coupole, dont le dehors forme un couvert à la Chinoise.
Ce Cabinet est entouré tout àlentour d'un pont ou galerie
ouverte sur l'eau, pourvû de bancs et de gardefous. - Les trois
fils de la Maison y étoient à la fois. Ils ont été
tous trois dangereusemt malades cet été, et
en echaperent, après quoi l'ainé [Carl
Jakob von Schulzenheim 1764-1799], maintenant Capitaine,
fut marié à sa Cousine Mlle Eve Salvius et
va s'établir à Husby.
Nous autres nous n'eumes pas le même bonheur de recouvrer Vôtre
Cadet, cet aimable garçon Nôtre Laurent Jules, qui dans
une expedition à Vaxholm par un froid rigoureux, s'étant
peut être trop peu precautionné, tomba malade le 14 Juin,
et quoique fort bien soigné dans la maison par sa digne hôtesse
Made Rydstedt et par trois Medecins de renom, les Assesseurs
Krok, Schultzenheim et Gahn, expira le 3 Juillet au soir par un coup
d'apoplexie, causé par un clou ou aposteme au dedans de l'oreille
gauche, qui cessa de couler ce même jour sur le midi. La fièvre
l'avoit déja quitté, et les Medecins eux mêmes furent
surpris de cet accident. On lui ouvrit la tête, où on trouva,
ce qu'on avoit apprehendé et taché de prevenir, que l'inflamation
du clou avoit enfin touché à la cervelle et donné
le coup mortel. Il y avoit aussi de l'eau dans la tête, suite
d'un rhume opiniatre et des refroidissemens massifs, auparavant contractés.
Par une fatalité il essuia l'hiver passé, en voiageant
entre Ryda et Stocolm, plus d'une fois des froids et des mauvais tems
des plus rigoureux, que sa bravoure le fit essuier sans presque s'en
plaindre.
Il fut enterré le 5, avec une pompe militaire par terre et par
eau, et au bruit de canons, convoié par tout le Corps où
il servoit, y compris L'Amiral Nordenancre
et le Colonel Ehrenbil, dans le cimetière
de ce Corps, situé au Parc, et aux pieds de son Amie, la belle
et vertueuse Mlle Jeanette Sudhoff, comme il l'avoit ordonné
lui même, en predisant sa mort prochaine, quelque assûrance
que les Medecins donnassent du contraire.
Tout le Corps regardoit comme immanquable que Laurent ne seroit remplacé
que par celui qui voulût nous rendre nôtre Argent, déboursé
pour sa place. Mais son ami Mr Arved Virgin, dont il étoit si
fortement engoué, a bien voulu être son Arving [?].
En adroit Courtisan, il a attrapé un mot du Roi, sur quoi le
Comte Ehrensverd, non obstant mes remonstrances et celles de Mr Ehrenbil,
l'a presenté pour succeder à l'apointement de Vôtre
frere, qu'il a obtenu. Cette perte me pese fort, surtout m'attendant
à paier bientôt m 4 plates, pour faire avoir à
Charlot La Lieutenance, evaluée 10 mille plates.
Vôtre Mere se trouve mieux après la prise des Eaux; quant
à l'estomach; mais les maux de tête lui restent. Ve
Soeur a eu les genoux parfaitemt rétablis, à
ce qu'elle dit. Vôtre Frere a le moins profité de la cure,
aiant appris successivemt la maladie et le decès de
son cadet, et reduit à cacher ses regrets, même à
danser au bal, pour en derober la connoissance à Ve
Mere.
J'approuve fort que Vous aiez passer le plus de tems, que possible,
avec Ve Genereux Cousin. Vous ne desapprouvez pas, je l'espere,
que je fournisse cet automne les plus avancés de Vos jeunes arbres
à la double allée, par Vous projettée à
Eka, soit comme un prêt, soit comme don gratuit. Dieu fasse prosperer
la continuation de Ve voiage! Tous Vos Amis, et particulierement
Ve Mere, Vous font mille et mille Complimens. Nôtre
recolte est bonne, Graces à Dieu! et je me porte bien, le tout
Vôtre GW Sillén.
Mr Lagerbielke, Colonel, aiant souhaité voir Ve Itineraire,
je lui en ai fait part ces jours passés.
Till diarium
för Georg Wilhelm af Silléns brev.